La fin du monde
Etre au bout du
monde, ça fait bizarre… Penser qu’il n’y a plus de ville après, qu’il n’y a
plus de route.
Ushuaia,
dernière ville avant l’antarctique, est plutôt jolie, très colorée avec un port
marchand assez impressionnant. C’est également le point de départ des
croisières ayant pour destination l’antarctique. Les photos sont vraiment
magnifiques, mais avec des tarifs allant de 3.000 à 50.000 dollars je crois que
nous en resterons aux photos.
Nous n’arrivons
pas n’importe quel jour : le 21 décembre, jour le plus long de l’année. A
23h il fait encore parfaitement jour et durant la courte nuit une lumière
persiste à l’horizon. Ci-dessous une photo prise à minuit et demi.
Pendant que nous profitons de ce phénomène naturel plutôt sympa, Mama Sylvie et Titine sont dans l’avion et le 22 décembre nous allons les chercher à l’aéroport.
Leur cabana
n’étant pas prête, nous allons nous promener un peu en ville. Avec Caris nous
cherchons une solution pour pouvoir ressortir de la Terre de Feu avec la combi,
car le problème de frontière rencontré à l’aller sera le même au retour, donc
il nous faut soit un camion transporteur de voitures, soit un Argentin qui
accepte de voyager avec nous, soit autre chose. Nous passons des coups de fil,
accostons les camionneurs que nous voyons dans la ville, tentons notre chance
auprès de la gendarmerie, mais rien ne se présente facile. Je dois avouer que
depuis la veille je suis un peu stressé par peur de ne pas trouver de solution
à temps car Noel approche et afin de respecter le « programme » des
vacances de Mama Sylvie et Titine nous devons partir le 26.
Nous retournons
à la cabana et rencontrons la propriétaire, Laura, hyper sympa, qui entre
autres histoires nous raconte que son frère est un diplomate important.
Diplomate ??? Caris, toujours attentive, lui parle de notre problème de
frontière. Sans attendre, Laura appelle son frère. « Il sera là dans une
demie heure. » Bon bah parfait ! En effet, M. est bien là 30 minutes
plus tard. Nous lui racontons. Il s’indigne d’une telle situation, nous dit que
ça ne rentre pas dans le cadre de ses fonctions mais qu’il va voir ce qu’il
peut faire.
Le lendemain,
nous allons marcher à la Laguna Esmeralda et durant la journée échangeons
quelques appels téléphoniques avec M. pour avoir la surprise incroyable le soir
d’entendre « c’est bon, je vous ai obtenu un laisser passer spécial qui
vous permettra de traverser les frontières sans problèmes. La seule condition
c’est que vous traversiez dans la même journée toutes les frontières, vous ne
pouvez pas rester du tout au Chili. »
Cela change un
petit peu le programme des vacances car nous avions prévu d’aller au parc de
Torres del Paine au Chili mais aucune importance, nous pouvons retourner sur le
continent Argentin sans chercher de solution aussi bancale que celle utilisée à
l’aller. Les mots nous manquent pour remercier Laura et son frère.
En soirée,
petite croisière pour aller voir le phare des éclaireurs (dont l’image a été
utilisée par Jules Verne comme le phare du bout du monde, mais en fait c’est un
mensonge car le phare du bout du monde c’en est un autre… chuuut), des
éléphants de mer de tout près, etc.
L’avantage
d’avoir de la lumière jusqu’à pas d’heure c’est que cela permet de visiter même
le soir.
Plus tard, nous
retrouvons Damian, qui a réussi à descendre jusqu’ici en vélo depuis les
alentours de Buenos Aires ! Chapeau ! Ayant envie de changer d’airs,
il s’est mis à travailler ici et ne sait pas quand il reprendra la route.
Le jour d’après
direction la Bahia Lapataia, le bout du bout de la fin, où se termine la ruta
3. Plus loin, c’est en bateau.
Et le soir, c’est noël !!!! Chef Titine nous prépare d’excellents plats. Papa noël Aurélien distribue les cadeaux (et en reçoit en quantités également). Tout est parfait.
Le 25, nous nous
levons tôt et nous préparons à partir, car suite à une incompréhension avec M. nous
pensions que notre laisser passer n’était valable que ce jour là. Après
explication de sa sœur qui nous dit que nous pouvons l’utiliser le jour que
nous voulons, nous retournons nous coucher et l’après midi montons jusqu’au
glacier Martial.
Le soir, nous
sommes invités chez Nico, un français propriétaire de combi qui vit à Ushuaia
avec sa femme argentine et leur fils, et qui deux jours auparavant nous a
laissé un mot sur notre pare-brise pour nous inviter à faire sa connaissance.
Soirée très sympa en leur présence.
Le 26, nous
faisons nos adieux à Ushuaia, qui était le premier objectif de notre voyage et
partons pour Rio Gallegos. La journée va être longue, donc nous partons très
tôt le matin, conduisons jusqu’à la première frontière où nous faisons la pause
déjeuner. A la frontière, un peu de stress car nous n’avons aucun document pour
prouver que nous avons une autorisation spéciale. Le douanier en voyant mon
passeport et ma carte grise commence à dire que nous ne pouvons pas passer,
etc. Nous lui disons que dans son ordinateur il doit y avoir une note spéciale,
mais rien. Son chef, juste à côté entend l’histoire et dit « monsieur est
français ? Alors c’est bon, on lui fait l’autorisation xyz » et hop
on est paré pour passer toutes les frontières…
Nous revivons
les 120 kilomètres de chemin de pierre de cauchemar, le bateau, puis encore des
kilomètres de route. Arrivée à bon port après 16 heures de trajet. Mama Sylvie
ne s’imaginait sûrement pas qu’en venant passer des vacances avec nous, elle
vivrait ce genre d’expérience mais elle a survécu :)
A Rio Gallegos,
nous sommes attendus dans notre super famille. Nous leur racontons tout puis
Eduardo nous demande si nous avons eu des problèmes mécaniques. Et en effet,
les vitesses ne passent quasiment plus depuis quelques jours (ce qui avait
rajouté un peu de fun à la journée). « Il faudrait que l’on aille voir un
mécano, mais on ne connait personne et de plus la combi est assez
spéciale » « Esteban, notre ami assis juste là est mécanicien. Il va
pouvoir vous aider » « Ah bon, ben, parfait ».
Comment la
propriétaire de la location de ma mère a un frère diplomate qui nous arrange
tous les problèmes de frontières ?
Comment la
famille qui nous accueille de nouveau, a un ami présent à l’instant où nous arrivons chez eux, mécanicien juste
au moment où nous en avons besoin ?
La réponse est
la même qu’à la question de comment la combi est tombée en panne d’essence
justement dans la station essence et pas un kilomètre ou un kilomètre après ou
à toute autre question sur ce qui nous arrive…
Vous l’appelez karma, chance, main de dieu, ce que vous voulez mais la vérité c’est qu’il n’y a aucune explication à ces coups de chance… C’est juste comme ça !