Buenos Aires, ville unique
Lorsque l’on découvre un nouveau pays, certaines
choses sont similaires à ce que l’on connait, beaucoup sont nouvelles et/ou
très différentes. Faisons le tour de ce que l’Argentine, et en particulier
Buenos Aires, propose dans cette dernière catégorie.
Maté : similaire au thé (mélange d’herbes
sèches et d’eau chaude), le maté est une véritable institution en Argentine.
Pour boire le maté : mettre l’herbe (la yerba
qui possède un gout amer assez fort au départ mais que l’on apprécie très vite)
dans un « maté » (calebasse, type de citrouille, séchée évidée), positionner
la bombilla (sorte de paille en métal) de manière inclinée à l’intérieur et verser
progressivement l’eau chaude gardée dans le thermos.
Quelque soit le lieu, quelque soit l’heure, les Argentins ont toujours avec eux leur maté et leur thermos. Il est fréquent de voir un chef de chantier avec son casque, un stylo dans la main, son maté dans l’autre et son thermos sous le bras, un agent de sécurité en poste faisant de même, une épouse servant le maté à son mari en train de conduire, etc.
Achat d’une voiture neuve : Vous avez assez
d’argent disponible pour payer la voiture au comptant ? Parfait. Vous
aimez le loto ? Encore mieux. Si vous n’êtes pas dans l’un de ces deux cas,
acheter une voiture neuve en Argentine sera pénible.
Explications : ni les banques ni les
organismes de crédit ne donnent de crédit auto tel qu’on le connait en France pour
acheter une voiture neuve (une « cero kilometro »). Il n’est donc pas
possible d’aller chez un concessionnaire, de repartir avec la voiture et de la
payer ensuite.
En Argentine, il existe les " plan de ahorro" mis en place par les constructeurs
automobiles, dont les étapes sont les suivantes :
1 : Formation d’un
groupe avec les différentes personnes qui veulent acheter un véhicule neuf au
même moment
2 : Tirage au sort chaque
mois parmi ce groupe d’un gagnant qui gagne le droit d’avoir sa voiture !!
Il doit alors payer 30% du prix total à la livraison et ensuite il payera les
70% manquants en 84 mensualités.
Si jamais vous êtes tiré au
sort mais n’avez pas les 30% disponibles, vous pouvez refuser la
voiture. Le nombre des refus par personne étant limité à deux, il vaut
mieux vite avoir les 30% sur son compte.
3 : En plus du chanceux
qui a gagné le droit d’avoir sa voiture, les autres peuvent faire une offre en
proposant de payer plus que les 30% à la livraison. Le plus offrant aura
également sa voiture ce mois là qu’il terminera de payer grâce à des
mensualités.
4 : Si vous n’avez pas
de bol et n’avez pas l’argent pour offrir plus, alors vous devrez attendre DIX
mois avant d’avoir votre voiture !!
Patience et amour du jeu
sont indispensables !
Dulce de leche : très
similaire à la confiture de lait (pour ceux qui connaissent), le dulce de leche
remplace le Nutella par son usage et est également utilisé dans de nombreuses
pâtisseries.
Alfajor : biscuit
fourré au chocolat ou au dulce de leche. Ceux de la marque Havanna sont la
fierté nationale.
Kiosco ou maxikiosco :
petite boutique généralement ouverte 24h/24, qui vend toutes les sucreries
imaginables, boissons, cigarettes, etc. Elle remplit le rôle de nos bureaux de
tabacs conjugués avec nos épiceries de quartier, mais avec une ambiance plus
sympa. On en trouve à tous les coins de rue dans tous les quartiers.
Delivery : rois de la fainéantise, bienvenue
au paradis. Tous les restaurants, boulangeries, glaciers, kioskos, etc.
proposent la livraison à domicile sans aucun supplément de coût.
Monedas : les pièces de
monnaie sont pour vous a) un poids inutile dans le portefeuille ? b) de
petites choses que l’on perd facilement au fond de son canapé ? c) de
l’argent qu’il faut utiliser dès la première occasion et bien avant de dépenser
ses billets ? Si vous avez répondu « oui » à au moins l’une de
ces propositions alors vous ne vivez pas à Buenos Aires ! Ici les pièces
de monnaie sont rares, tellement rares qu’elles en deviennent précieuses.
Demander de la monnaie sur un billet à une personne dans la rue ou dans un
magasin relève du rêve. Elle répondra forcément « No tengo monedas »
(Je n’ai pas de monnaie). Lorsque l’on désire acheter un produit coutant moins
de deux pesos et que l’on souhaite payer avec un billet (le plus petit étant de
deux pesos) il est très probable que la personne refuse de vous le vendre faute
de monnaie. Vous allez me dire que ce n’est pas bien grave. En effet, mais le
problème principal est qu’un trajet de bus coûte 1,20 peso et qu’il ne peut se
payer qu’en pièces de monnaie ! Alors c’est la galère. Il faut trouver
toutes les techniques qui permettent d’en accumuler. L’une des solutions c’est
d’aller à la banque pour changer des billets, mais ils refusent de changer plus
de 5 pesos en une fois et vue la file d’attente qu’il y a généralement ça ne
donne pas envie d’y aller souvent. Autre technique qui se pratique au
quotidien : toujours refuser de faire l’appoint au supermarché ou dans les
magasins afin qu’ils soient obligés de rendre la monnaie… Malgré toutes ces
techniques, j’ai été obligé, à plusieurs reprises, de prendre un taxi au lieu
du bus n’ayant pas assez de monnaie !
Colectivos : des centaines de lignes de bus
traversent la ville ! Donnez un point de départ, un point d’arrivée, quels
qu’ils soient, et il y aura forcément un bus qui fera le trajet. Très
pratiques, ils passent nuit et jour toutes les quelques minutes.
Afin de lutter contre le manque de pièces de monnaie, des systèmes de pass électronique se mettent en place. Deux gros problèmes liés à cela. Le premier : les différentes lignes de bus appartenant à diverses sociétés, chacune met en place son propre pass. Imaginez la taille du portefeuille avec toutes ces cartes de plastique à l’intérieur. Le deuxième problème : les pass ne peuvent être rechargés qu’aux terminus de chaque ligne ! La majorité des bus traversant plusieurs banlieues puis la ville puis d’autres banlieues, réalisant des parcours pouvant dépasser les 50 kms, si vous habitez au milieu, bon courage pour aller recharger. En bref, ce n’est pas demain la veille que les pièces de monnaie arrêteront d’être indispensables.
Paseador de perros : vous n’avez pas le temps d’aller promener votre chien ? Pas de problème, confiez-le à un « promeneur de chiens ». Il vient le chercher chez vous, l’emmène au parc, etc. et vous le ramène quelques heures plus tard. Comment le différencier dans la rue d’une personne qui promène son propre chien ? Facile, le paseador ne promène pas un seul chien, ni deux, ni trois mais environ dix en même temps ! Des petits, des grands, des bâtards, des chiens de race. Aucune unité apparente au sein du groupe, mais phénomène particulier : ils ne se bagarrent jamais et n’aboient pas non plus.
Boliches : parmi les meilleures boites de nuit
du monde ! Très nombreuses, très grandes, très fréquentées, les boliches
de Buenos Aires n’ont rien à envier à celles de Paris ou de New York.
Les soirs, du mardi au samedi, les filles se
mettent sur leur 31, les hommes se préparent à draguer de façon agressive à base
de flatteries exagérées, de baisers volés et se préparent également à recevoir
quelques gifles bien méritées. Les séances de séduction sont tout un spectacle. Avant
3h du matin, pas un chat, les boites se remplissent entre 3h et 3h30 et se
vident vers 8h du matin. La nuit de Buenos Aires est excellente.
Parilla : restaurant de
viande cuite au grill. Il en existe dans tous les styles, de la plus luxueuse à
la plus basique avec juste le grill et quelques tables posées à l’arrache. La
réputation de la viande Argentine est bien fondée : excellente et servie en
quantité énorme (portion moyenne aux alentours de 350g !) Pour ceux
qui auraient peur de ne pas être rassasiés avec cela (oui JG, je pense à toi),
les « parilla libre » sauront les satisfaire : viande à
volonté ! La chaîne « Siga la vaca » qui possède une petite
dizaine de parillas de bon standing est le must absolu : pour 10 euros,
viande de qualité à volonté, salades à volonté, une bouteille de vin par personne et un
dessert.
Cartoneros : l’Argentine n’en est pas encore à l’époque du recyclage formalisé avec bacs à verre et à emballages en bas des immeubles. Ici le recyclage prend une forme très différente. Les gens jettent leurs poubelles avec tout à l’intérieur et une fois dans la rue, les « cartoneros » commencent leur travail. Ces personnes rassemblent les cartons, emballages et papiers pour ensuite les revendre à des entreprises/coopératives de recyclage. Travaillant principalement la nuit, aux coins des rues, les cartoneros, enfants comme adultes, éventrent les poubelles à la recherche de cartons. Spectacle choquant dans une ville en apparence tellement développée qui nous rappelle que l’Argentine reste malgré tout un pays très pauvre.